Pour un eugénisme positif : réponse à Charles Delhez
Il n’y a pas d’égalité entre Elon Musk et Sylvain Durif.
Dans une chronique accordée au journal LaLibre, le journaliste jésuite Charles Delhez produit un discours critique à l’encontre des innovations technologiques que représentent l’édition du génome, l’augmentation de l’homme et le transhumanisme ; il met en garde ses lecteurs contre des techniques déconnectées de notre nature biologique et profondément inégalitaires.
Il écrit :
Les OGM (organismes génétiquement modifiés) n’ont pas fini de poser question, mais il est urgent de s’interroger sur les HGM (humains génétiquement modifiés). Certains auteurs prédisent que tous les enfants seront conçus en laboratoire avant le milieu du siècle. On avait pourtant été mis en garde ! Un livre comme Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley décrivait déjà, en 1932, cette société inquiétante, déconnectée de notre nature biologique et profondément inégalitaire, mais très rentable économiquement.
Le fondement de la critique de Charles Delhez se trouve donc dans sa conception religieuse de la nature humaine qu’il considère immuable, égalitaire et universelle. Immuable car façonnée par Dieu ; égalitaire car tous les hommes sont d’origine divine ; universelle car la vérité n’est pas de ce monde mais appartient au royaume céleste. Une telle conception de la nature ne put surgir que de l’esprit d’un chrétien.
Ma vérité est bien différente.
L’erreur la plus commune de la droite est de tomber dans le piège du bio-conservatisme au nom d’une immuabilité de la nature humaine insufflée par Dieu ─ une fois l’idole religieuse mise au ban, c’est alors l’ensemble du château de cartes humaniste qu’il convient de balayer.
L’auteur poursuit :
On corrige les gènes défectueux (eugénisme négatif), puis on pourra intervenir sur la couleur des yeux, la force des muscles ou le sexe (eugénisme positif). Il serait possible de donner au petit d’homme des qualités physiques, intellectuelles, psychologiques supplémentaires, passant ainsi de la fécondité à l’efficacité. L’enfant deviendra un être programmé par d’autres libertés que la sienne, une intention étrangère s’étant ingérée dans son histoire biologique. On est passé de l’espérance d’un enfant en bonne santé à l’exigence d’un enfant parfait.
Permettez-moi Charles Delhez de prendre pour exemple un facteur sur lequel la manipulation du génome humain pourrait apporter une augmentation : le quotient intellectuel. Laurent Obertone écrit dans la France Interdite :
Le QI est un indicateur extrêmement valide, capable de prédire la réussite d’un individu mieux que n’importe quel autre évaluateur de compétences. Bien plus que le niveau social ou l’origine, un haut QI est fortement lié la réussite scolaire, académique, socio-professionnelle, à la productivité, aux aptitudes générales et à l’efficacité au travail (voir par ex. Terman & Oden, 1947 ; Ghisellin, 1966, 1973 ; Hernstein, 1973 ; Mc Call, 1977 (…) Kuncel & Hezlett, 2010 ; Meier et al., 2012 ; Majerus, 2013 etc.). Ce n’est pas pour rien qu’il est la mesure psychologique qui fait le plus large consensus chez les spécialistes (cf = Ritchie, 2016). Sur six-cents experts consultés, plus de 96% d’entre eux s’accordent sur la définition de l’intelligence, qui correspond à ce que mesurent les tests de QI (CF = Snyderman et Rothman, 1987). Revers de la médaille, si le haut QI est lié au succès, le bas QI est tout aussi fortement lié à l’échec, en représentant un risque élevé de délinquance, de crime, d’absentéisme, d’improductivité, de comportements à risques, de crédulité, d’échec scolaire et professionnel, d’arrêt de travail, d’obésité, de chômage, de manque d’hygiène, d’accident et de maladies, d’instabilité, de schizophrénie, de mortalité précoce, de divorce, d’union illégitimes, d’insolvabilité d’abus, d’incivisme, de malhonnêteté etc. (cf = études à ce sujet Bartels, Ryan, Urban & Glass 2010 ; Lyn & Vanhanen, 2012).
En vertu de ces considérations, au nom de quels principes pourriez-vous avoir l’outrecuidance de renoncer à une augmentation de l’intelligence de vos enfants ? Les études scientifiques sur la question le prouvent : le QI est positivement corrélée à la réussite sociale et professionnelle individuelle ; par conséquent, accorder davantage de chances à vos enfants dès l’aube de leur existence en améliorant leur patrimoine génétique est la seule attitude morale à adopter.
Le chroniqueur poursuit :
Si la thérapie génique somatique ne pose pas de problèmes majeurs, car il s’agit de traiter une maladie, il n’en va pas de même pour la thérapie génique germinale. Il s’agit de modifier soit les cellules reproductrices, soit l’embryon précoce pour corriger l’organisme qui va naître et sa descendance. Se profilent ainsi la modification de l’espèce humaine, l’amélioration artificielle du patrimoine génétique des individus et l’augmentation de ses capacités. Voici l’heure du transhumanisme. Serions-nous en pleins fantasmes ? Le rêve de remplacer l’évolution par le génie génétique existe, c’est un fait. En mesure-t-on toutes les conséquences ?
Mesurez-vous, Charles Delhez, les conséquences de l’effet dysgénique des sociétés occidentales modernes ? Affaissement physique et moral, déclin civilisationnel, débilité anthropologique ; le gain de confort en Occident depuis un siècle a modifié substantiellement la nature de l’être humain désormais en proie à devenir le Dernier Homme prophétisé par Nietzsche.
Alexis Carrel écrivait en 1935 :
Certes, tous les êtres humains sont égaux. Mais les individus ne le sont pas. L’égalité de leurs droits est une illusion. Le faible d’esprit et l’homme de génie ne doivent pas être égaux devant la loi. L’être stupide, inintelligent, incapable d’attention, dispersé, n’a pas droit à une éducation supérieure. Il est absurde de lui donner le même pouvoir électoral qu’à l’individu complètement développé. Les sexes ne sont pas égaux. Il est très dangereux de méconnaître toutes ces inégalités. Le principe démocratique a contribué à l’affaiblissement de la civilisation en empêchant le développement de l’élite. Il est évident que les inégalités individuelles doivent être respectées. Il y a, dans la société moderne, des fonctions appropriées aux grands, aux petits, aux moyens et aux inférieurs. Mais il ne faut pas chercher à former les individus supérieurs par les mêmes procédés que les médiocres. Aussi la standardisation des êtres humais par l’idéal démocratique a assuré la prédominance des faibles. Ceux-ci sont, dans tous les domaines, préférés aux forts. Ils sont aidés et protégés, souvent admirés. Ce sont également les malades, les criminels et les fous qui attirent la sympathie du public. C’est le mythe de l’égalité, l’amour du symbole, le dédain du fait concret qui, dans une large mesure, est coupable de l’affaissement de l’individu. Comme il était impossible de l’élever les inférieurs, le seul moyen de produire l’égalité parmi les hommes était de les amener tous au plus bas niveau.. Ainsi disparut la force de la personnalité.
Par la voie de l’eugénisme et du transhumanisme, nous avons désormais la possibilité d’amener les êtres humains non point au plus bas niveau de développement mais au plus haut ─ par la manipulation génétique et l’eugénisme positif, la voie du Surhomme s’ouvre désormais à l’ensemble de l’humanité pour un coût qui sera dérisoire.
Vous pouvez vous parer de toutes les vertus morales plus humanistes les unes que les autres ─ égalité, tolérance, pitié, charité ; si l’Occident se refuse à augmenter les capacités cognitives et physiques de ses citoyens, sachez que d’autres peuples, eux, ne se priveront pas pour accueillir l’augmentation de l’Homme avec bienveillance.
Source : LaLibre